Or Maudit roman de Seyouba Traoré - Mars 2024

Or Maudit

Dès les premières phrases, le lecteur est plongé dans un milieu où les dérèglements du climat, les combinaisons politiciennes, les évolutions sociologiques et l’appétit pour l’or travaillent des sociétés humaines au Sahel. L’histoire est campée dans un village, traversé par un cours d’eau saisonnier. En saison pluvieuse, l’eau dévale les pentes, et les gens se plaisent à parler de fleuve. Pendant la saison sèche, c’est une succession de zones caillouteuses et de trous d’eau, refuges des crocodiles. La vie quotidienne est régie par les activités agricoles, pastorales et artisanales.

Au début des problèmes, il y a eu une sécheresse. Une accalmie de quelques saisons, puis d’autres sècheresses. Des villageois ne sont pas outillés pour savoir, que loin là-bas, dans les pays riches, des gens ont sapé les équilibres naturels pour réaliser leur développement. Ils constatent seulement qu’on peut mourir de faim et de soif en travaillant plus, et sans comprendre ce qui se passe. Ensuite, un village grandit, devient une ville, et avale les villages environnants. Les humains ont commis le sacrilège suprême : vendre la terre-mère. Des agriculteurs et des éleveurs sans terre, c’est la fin de tout.

Et voilà que des savants venus de la ville découvrent de l’or sous les pieds des vivants. Ce métal maudit qui a provoqué des razzias et des guerres, des captures d’êtres humains réduits en esclavage, des déportations en masse et des Etats puissants qui se battent pour le contrôle du Sahel et de ses ressources naturelles.  Il ne pouvait pas y avoir plus grande catastrophe. Parce qu’il faut compter sur des chefferies coutumières, des religieux et des gouvernants de l’Etat moderne, pour changer ce qui était une chance en malédiction.

Il reste une seule solution pour les villageois : s’engager en politique pour espérer arracher un bout de viande. Karim, un jeune fonctionnaire, est désigné par le clan pour cette affaire. Un coup d’Etat militaire, puis un autre coup d’Etat militaire, et Karim n’a plus le choix. Il faut monter à la capitale. Le jeune homme et sa famille ne changent pas seulement de lieu de vie. C’est un monde étrange qui les happe sans possibilité de retour en arrière.

Dans ce roman, on passe en revue les principaux problèmes que vivent les pays africains, après plus de 60 ans d’indépendance. Un problème renvoyant à une autre, puis les deux ricochant sur le problème suivant, pour compliquer l’existence de populations qui peinent à comprendre ce qu’on fait de leur existence.


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