Le titre de ce livre tentaculaire qui s’ étend sur plusieurs périodes, c’est une phrase tirée d’un dialogue entre une grand-mère au village et son petit-fils rentré d’Europe. Ce qui n’appartient pas à ma vie de toujours, ce qui combat et ruine ma culture ancestrale, ce qui est loin de mon village ne mérite pas d’être connu.
Le ton est donné. Pourquoi et comment un Africain est arraché à son terroir. Par quel processus devient on un immigré en Europe ? Pour un jeune Africain débarquant au début des années 1980 à la Sorbonne, les débats politiques à la télévision et dans les journaux au sujet de l’immigration avaient un goût d’inachevé, ou une part de non-dit. Ou alors ces gens savent, mais il y a une bonne hypocrisie bien épaisse.
Il fallait leur dire. Mais, comment leur dire ce qu’on ne sait pas soi-même ? Ou alors, quand on vous a aidé à oublier. Pas d’hésitation, on monte dans la machine à remonter le temps.
Le livre s’ouvre sur l’arrivée d’une troupe d’infanterie coloniale dans un village. La vie change. Et plus qu’on ne le croit. Puisque des décennies plus tard, les descendants de ces villageois qui ne savaient rien du monde extérieur, qui n’ont rien demandé à personne, qui n’ont jamais exprimé le souhait d’évoluer vers quoi que ce soit, vivent la stigmatisation, le soupçon permanent.
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